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S’il y a une majorité de gauche au Parlement bruxellois, pourquoi ne pas former un gouvernement de gauche ?



Depuis les élections de juin dernier, Bruxelles est dans une situation inédite : pas de gouvernement en place, mais un Parlement qui fonctionne à plein régime. Résolutions après résolutions, des majorités se dégagent, toujours orientées à gauche. Elles donnent l’apparence d’un cap politique, d’une direction claire.

Mais il ne s’agit que d’une moitié du travail démocratique : décider, sans devoir exécuter. Proclamer, sans devoir assumer.


Ce paradoxe devient chaque semaine plus flagrant. Si l’on additionne toutes les résolutions adoptées, on pourrait croire à l’existence d’une majorité soudée, prête à transformer la Région selon ses valeurs. Pourtant, dès qu’il s’agit de passer de la tribune à l’action, de l’assemblée à la table des négociations, cette majorité s’évapore. On préfère le confort de la revendication à la responsabilité du compromis.


Cette attitude n’est pas sans conséquences. À force d’accumuler des résolutions déconnectées d’un projet cohérent, on nourrit des illusions chez les citoyens. On fait croire qu’il est possible de promettre tout à tous, sans jamais devoir choisir, prioriser ou financer. Mais la réalité, elle, est têtue. Les mesures adoptées sur papier ont, tôt ou tard, un prix : elles creusent les déficits, fragilisent la confiance des investisseurs, désorientent les acteurs économiques et sapent la crédibilité de l’action publique.

Être élu, ce n’est pas simplement défendre des idées ; c’est aussi être prêt à gouverner, à rendre des comptes, à faire face à la complexité. Gouverner, c’est choisir, expliquer, arbitrer entre le désirable et le possible.

Cela veut dire aussi avoir le courage d’expliquer pourquoi tout n’est pas possible tout de suite, pourquoi la croissance économique, l’innovation, l’esprit d’entreprise et le respect des équilibres budgétaires sont essentiels pour garantir la solidarité à long terme.


Et si cette majorité de gauche, malgré ses votes répétés, ne peut ou ne veut pas gouverner, alors il est temps que les plus raisonnables en son sein prennent leurs responsabilités.

Gouverner, ce n’est pas trahir ses convictions — c’est leur donner une chance d’exister dans le réel. 

Cela implique parfois de chercher un compromis avec d’autres forces politiques, dans l’intérêt de la stabilité et de la crédibilité démocratique. Participer aux élections n’est pas un exercice gratuit. Cela engage. Cela oblige. Cela responsabilise.


Le jeu politique bruxellois ne peut pas se réduire à une série de coups d’éclat sans lendemain.

La Région mérite un projet cohérent, une vision à long terme, une équipe qui assume ses choix, même lorsqu’ils sont difficiles à défendre.


Si une majorité de gauche existe réellement, qu’elle prenne ses responsabilités. Qu’elle négocie un accord, forme un gouvernement et démontre, dans la durée, ce que valent ses promesses. Sinon, qu’on arrête de vendre des illusions et qu’on ouvre le débat, franchement, sur la nécessité d’une gestion réaliste et responsable. Car la démocratie, à Bruxelles comme ailleurs, mérite mieux que des majorités fantômes et des slogans sans lendemain.


Le moment est venu d’assumer pleinement le rôle que les électeurs ont confié aux élus. Gouverner, c’est plus qu’exprimer des désirs. C’est transformer les idées en réalité, dans l’intérêt de tous les Bruxellois – aujourd’hui, mais surtout demain.

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